Protestantisme et catholicisme romain: quelques différences



Du point de vue du Symbole de foi, confession de l'Eglise, notre ami Athanasius a déjà exposé la différence qui existe entre Protestants et Tridentins:
Nous confessons un seul baptême pour la rémission des péchés, tandis que les adversaires du protestantisme cherchent après une seconde planche de salut, dans le "sacrement" de confesse.

Dans l'exposé qui suit, nous allons considérer à présent quelques différences liées à ce point, mais appréhendées sur des angles plus particuliers.
On entend souvent parler, en effet, des quatre ou cinq "sola" de la Réforme:

Sola Scriptura ( = l'Ecriture seule),
Sola Fide ( = la Foi seule),
Sola Gratia ( = la Grâce seule),
Solus Christus ( = Le Christ seul),
Soli Deo Gloria ( = à Dieu seul soit la gloire!)

C'est de ces quatre points (et ce, pour la gloire de Dieu!) que nous traiterons donc ici.


I. Solus Christus  
(Le Christ seul)

-- Les Protestants considèrent que Jésus Christ est le Fils Unique de Dieu, Dieu fait homme, , mort et ressuscité pour le salut de quiconque croit en Lui.
Que ce Christ est monté au Ciel, qu'il est le seul chef de l'Eglise universelle, ou catholique, le seul Médiateur  et Intercesseur entre Dieu et les hommes.

-- Les catholiques romains croient aussi en la divinité du Fils, en son Incarnation, sa mort et résurrection pour le salut des hommes.
MAIS, ils estiment que l'Eglise a ici bas un chef visible, vicaire du Christ ( = le pape de Rome). Ils espèrent aussi beaucoup de l'intercession de la Vierge Marie et des saints à qui ils adressent des prières.

Tout ceci est condamné par les Protestants comme une survivance de paganisme, de polythéisme et de césarisme; car:
Prenez garde que personne ne vous séduise par la philosophie et par de vaines tromperies, selon la tradition des hommes, selon les rudiments du monde, et non selon Christ.
Car en lui toute la plénitude de la divinité habite corporellement.

Et vous avez toute plénitude en lui, qui est le chef de toute principauté et puissance.
(st Paul aux colossiens, 2. 8-10)

De même:
Qu'il a déployée en Christ, quand il l'a ressuscité des morts, et qu'il l'a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes,
Au-dessus de toute principauté, de toute puissance, de tout pouvoir, de toute domination, et de tout nom qui se puisse nommer, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir.
Et il a mis toutes choses sous ses pieds, et l'a donné pour chef suprême de l'Église,
(st Paul aux éphésiens, 1. 20-22)

Et enfin:
Car il y a un seul Dieu, et un seul Médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ, homme
(st Paul, 2e lettre à Timothée, 2. 5 )

De ce principe, les Protestants en tirent un autre: le "sola fide" ( la foi seule):


II. Sola fide  
(La foi seule)

-- Pour les Protestants, Jésus a payé toute notre dette sur la croix et il nous offre toute sa Justice.
Comment saisir et s'approprier tout cela?
Par le moyen de la foi, qui est comme la main de l'âme. Ainsi, celui qui croit en Jésus Christ (celui qui se confie à Lui) est sauvé, et quiconque ne croit pas est condamné (Jean 3. 16 // Marc 16. 16).

Mais, si la foi suffit à sauver, que deviennent les bonnes oeuvres?

Réponse: le Chrétien ne les fait pas pour se sauver (ce serait un ouvrier ou, pire, un mercenaire), mais parce qu'il est sauvé, gratuitement (comme un enfant de Dieu).
Ainsi, les bonnes oeuvres sont la conséquence et non la cause du salut.
Tout ceci (Solus Christus// Sola fide) est considéré par les Protestants comme l'article capital de leur foi, ce par quoi l'Eglise reste debout et ce sans quoi elle s'écroule.

-- Les catholiques romains répondent quant à eux que l'homme n'est pas sauvé seulement par la foi en Jésus Christ, mais que, plus largement, nous sommes sauvés par cette foi en Jésus Christ, ainsi que par la charité et par les oeuvres qui en procèdent.

Mais les Protestants condamnent cette doctrine comme une imposture, au motif qu'alors, nous serions sauvés en partie par le sacrifice vicaire du Christ sur la croix et en partie par notre oeuvre et mérite, ce qui serait contraire aux affirmations bibliques suivant lesquelles:
Car Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.
(Jean 3. 16)
.
Nous concluons donc que l'homme est justifié par la foi, sans les ouvres de la loi.
(Romains 3. 28)

Car Celui qui n'a point connu le péché, il l'a traité en pécheur pour nous, afin que nous, nous devenions justes de la justice de Dieu en lui.
(2Corinthiens 5. 21)

III. Sola gratia 
(La grâce seule)

-- Pour les Protestants, le salut est TOTALEMENT gratuit et immérité: les hommes sont tous également perdus, ennemis de Dieu, sans avoir la volonté de retourner à Dieu pour vivre (on peut même dire que les hommes résistent à leur propre salut).

Alors, pourquoi y en a-t-il quand même qui croient et se repentent?

Parce que Dieu leur fait grâce, les ayant choisi de toute éternité pour les amener au salut par la foi en son Fils.
Autrement dit: de toute la masse d'hommes également perdus et rebelles, Dieu oeuvre cependant au coeur de ses élus, par son Esprit, afin qu'ils croient, persévèrent jusqu'à la mort et soient sauvés.

Et si l'on demande: dans la salut, que fait donc le libre arbitre?
La réponse est: lui aussi, il est sauvé!

-- Les catholiques romains considèrent aussi que l'homme s'est séparé de Dieu et qu'il est condamné par la faute adamique (péché originel) et ses fautes propres (péchés actuels).
Toutefois, les catholiques romains considèrent que les hommes peuvent en quelques sortes se préparer à la grâce en faisant un droit usage de leurs lumières naturelles.

Exceptés certains courants hétérodoxes et tardifs, les Protestants rejettent totalement une telle conception, car l'homme ne doit son salut qu'à la Bonté de Dieu, manifestée en Jésus Christ.

C'est en effet ce qui ressort de textes de l'Ecriture, comme:
Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire; et je le ressusciterai au dernier jour.
(Jean 6. 44)
.
OU encore:
Et non seulement cela; mais il en arriva de même à Rébecca, quand elle eut conçu, en une fois deux enfants, d'Isaac, notre père.
Car les enfants n'étaient pas encore nés, et n'avaient fait ni bien ni mal, et afin que le décret d'élection de Dieu demeurât ferme,

Non à cause des ouvres, mais à cause de celui qui appelle, il lui fut dit: L'aîné sera assujetti au plus jeune.

Selon qu'il est écrit: J'ai aimé Jacob, et j'ai haï Ésaü.

Que dirons-nous donc? Y a-t il de l'injustice en Dieu? Nullement.

Car il a dit à Moïse: Je ferai miséricorde à celui à qui je ferai miséricorde, et j'aurai pitié de celui de qui j'aurai pitié.

Cela ne vient donc ni de celui qui veut, ni de celui qui court; mais de Dieu qui fait miséricorde.
(Romains 9. 10-16)

Et:
Selon qu'il nous a élus en lui, avant la fondation du monde, afin que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui par la charité
(Ephésiens 1. 4). 

Et, enfin:

Parce qu'il vous a fait la grâce, à cause de Christ, non seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui.
(Philippiens 1. 29)

_ En bref:

C'est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu! Ce n'est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie; car

nous sommes son ouvrage, nous avons été créés en Christ-Jésus pour des oeuvres bonnes que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions. 
(Ephésiens 2. 8-10)


IV. Sola scriptura  
(L'Ecriture seule)


Lorsqu'on parle de l'autorité dans l'Eglise, on doit se garder d'y confondre l'autorité de l'Eglise (au risque de tout mélanger et de ne plus en sortir!) C'est pourquoi nous diviserons ici notre propos en deux parties: l'autorité objective et l'autorité directive.

1) L'autorité objective

-- Les Protestants considèrent que seule la Bible peut servir de fondement aux articles de foi que l'Eglise doit croire, confesser et défendre.
-- Les catholiques romains estiment que la Bible n'est pas une ressource suffisante et que la foi et la morale doivent ainsi être appuyées en partie sur l'Ecriture et en partie sur la Tradition (orale).

Exemple: 
Le culte des images n'est pas fondé dans la bible;
Rome l'admet comme un dogme;
Les Protestants le rejettent.

2) L'autorité directive:

-- Les Protestants considèrent que l'Eglise ( = l'ensemble des baptisés) peut et doit lire, interpréter et comprendre l'Ecriture et que si des chrétiens cherchent à altérer l'enseignement biblique par des éléments étrangers ou s'ils en font une lecture tendancieuse, chaque chrétien (quel qu'il soit) peut le dénoncer et doit continuer à garder la vraie foi.

-- Les catholiques romains estiment que c'est à leur Eglise ( = leur hiérarchie) de lire et d'interpréter la Bible et la Tradition; outre le magistère ordinaire de l'ensemble des évêques, c'est extraordinairement le pape de Rome, infaillible lorsqu'il parle ex cathedra, de dire la vraie foi.

Les Protestants considèrent que ces deux points du catholicisme romain sont faux, car, d'une part, les traditions utilisées par la papauté sont parfois contestables ou douteuses (on a fait valoir, pour établir le culte des images, que st Luc aurait peint la première icône de la Vierge à l'enfant!) et, d'autre part, dans un tel système, l'autorité objective est presque confondue avec l'autorité directive, et il n'est pas possible de confronter les dogmes romains avec une norme, puisque, au contraire, ces dogmes tirent leur autorité du fait ... qu'ils sont proclamés par Rome!

En définitive, le pape de Rome n'a plus de juge mais est comme un oracle qui dicte ce que les autres doivent croire, sans aucun moyen ni droit de vérifier quoique ce soit.
En revanche, les Protestants s'en tiennent à l'exhortation apostolique consistant à dire:

Mais quand nous-mêmes, ou un ange du ciel vous annoncerait un évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu'il soit anathème!
Comme nous l'avons déjà dit, je le dis encore maintenant: Si quelqu'un vous annonce un évangile différent de celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème!

(Galates 1. 8-9)

Ainsi, l'Evangile des Apôtres, tel qu'il se trouve clairement proclamé dans l'Ecriture, est la norme à laquelle les enseignements de toutes les créatures doivent être vérifiés, par chacun des baptisés.
Si le pape veut échapper à la règle, il faudra qu'il s'élève au-dessus de Dieu, mais alors, il ne peut qu'être condamné.

Amen.


Bucer



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