Orthodoxies d'académies versus désert doctrinal








Cherchons credo pour aujourd'hui.... tel est le titre de l'article dont nous allons parler.

Il faut dire que c'est un article qui nous a d'abord interpellé:
Un credo pour aujourd'hui? L'Eglise en aurait-elle été dépourvue jusqu'à présent, ou serait-elle porteuse de la démangeaison d'entendre des choses nouvelles, ainsi que le dit l'Apôtre Paul?...

Soucieux de comprendre la recherche des Eglises concernées, nous nous sommes donc mis à lire l'article... et à y découvrir des opinions pour le moins étranges. 
En voici quelques exemples:

--> L'article de la Résurrection serait moins intelligible aujourd'hui qu'au début du christianisme (lisez donc Actes 17 et vous m'en donnerez des nouvelles!)

--> Le Credo de l'Eglise indivise n'aurait pas servi à séparer la foi du salut d'avec les erreurs antichrétiennes et menant à la damnation éternelle, mais simplement à "mettre en évidence les points d’accord et de désaccord entre divers courants du christianisme naissant." (Evidemment, comment parler de l'enfer aux gens d'aujourd'hui?!)

--> Que la foi n'est pas figée, mais appelée à évoluer, etc.

Evidemment, si nous affirmons que de telles opinions sont indéfendables parce qu'il y a une Foi (Fides quae creditur), ainsi que l'affirme par exemple st. Jude (I. 3), laquelle foi doit être partagée, dans une foi personnelle et vivante, par chaque fidèle (Fides qua creditur), nos adeptes du désert doctrinal répondrons sans doute que nous ne sommes pas fiables:

-- Comment affirmer par exemple que la Confession de La Rochelle est LA foi de l'Eglise alors que certains protestants ne la reçoivent pas et que même ceux qui la reçoivent se reconnaissent des libertés pour l'amender ou pour signaler leur distance par rapport à certains articles (spécialement ceux concernant les liens entre l'Eglise et l'Etat)?...
De plus, nos adeptes du désert doctrinal (désert dans lequel chacun sera "libre" de se forger son dieu, sa vérité, son christianisme...) nous ferons sans doute remarquer que la deuxième partie du XVIe siècle, ainsi que la première partie du XVIIe siècle, ont été le temps d'une surenchère d'orthodoxie où (comme le reconnait par exemple le Livre de Concorde) seuls des spécialistes étaient capables de comprendre les questions disputées...
Or, est-il normal que les chrétiens, c'est-à-dire les membres du sacerdoce universel, se déchirent pour des questions qu'ils ne comprennent pas?

Certes, le principe du Sacerdoce universel implique que chaque fidèle est gardien de la vraie foi et interdit par conséquent ces guerres d'académies menées par clochers interposés (académies d'ailleurs susceptibles de remplacer le Magistère du pape de Rome).
Nous accordons donc que la Foi-doctrine à laquelle se rapporte notre foi-confiance ne saurait être une sorte de cathédrale aussi froide qu'immense.




Pourtant, même si nous n'approuvons pas l'orthodoxie académique, nous ne pouvons pas accepter le désert doctrinal dont les Eglises Suisses font ici la promotion.
Entre ces deux extrêmes, il existe en effet un juste milieu auquel tous doivent se soumettre et hors duquel il n'y a que ténèbres et perdition.

Il nous faut considérer en effet que tous les articles de foi ne sont pas d'une même importance (ainsi qu'en témoignent la structure des Articles de Smalkalde, l'introduction du Grand catéchisme de Luther, ou Calvin dans son Institution).
Et cela, nous le disons en vertu du fait que si (comme il a été dit) chaque fidèle doit être gardien de la vraie foi, celle-ci doit consister en ce à quoi prennent part ensemble la totalité des chrétiens de par la vie liturgique et catéchétique de l'Eglise (voir la didaché, etc.)
C'est cela qu'aucun chrétien ne peut ignorer. C'est cela, la Tradition VIVANTE et vivifiante de l'Eglise.
Or, outre le Canon scripturaire, les constantes de la vie chrétienne (qui balisent la lecture de la bible), depuis 20 siècles, correspondent:

--> au Symbole de Nicée-Constantinople (seul credo autorisé et universel!);
--> La célébration de l’Évangile dans les sacrements (Baptême/Cène);
--> La Loi (Décalogue) et le triple usage qui lui est unanimement reconnu;
--> La prière (Pater).

L'article dont nous traitons ici déclare vouloir chercher ce qui fait partie du trésor commun des Eglises réformées. Si elles suivent notre conseil, nous pensons pouvoir dire qu'elles trouveront le Trésor commun de toute la véritable Eglise, depuis 20 siècles. 
Un Trésor qui n'est ni le désert (ou le champ de ruines!) vide et sans vie au sein duquel elles veulent siéger,
ni l'immense cathédrale dogmatique, froide et inhabitable que les académiciens ont édifié en nous présentant chacune de leurs rosaces comme aussi importante qu'une clé de voûte,
mais un Trésor qui est un jardin vivant et paisible.








Mais, évidemment, ces Trésors sont incompatibles avec quiconque voudrait appeler Dieu "Mère": le Pater comme la première phrase du Credo s'opposent définitivement à cela.
Evidemment, ces Trésors s'opposent pareillement à quiconque voudrait nier la Création du monde  ex nihilo (à partir de rien), car l'Eglise confesse cette vérité: non seulement dans le Credo mais aussi de par la célébration des sacrements dont st. Irénée notait qu'ils manifestent que le Dieu Sauveur est aussi le Créateur, autrement la matière de ce monde ne serait pas sienne, or il l'interpelle et emploi, lui qui n'est pas un voleur...


C'est par de mêmes arguments que s'imposent la foi en la Résurrection de la chair, du jugement éternel, de la naissance virginale du Christ et toutes ces choses divinement révélées et que certains, sous prétexte de vouloir extraire le Christ des encyclopédies où ont voulu l'enfermer quelques-uns, veulent nier ou relativiser.
Reste que l'Eglise fidèle n'admettra jamais que le bébé soit ainsi jeté avec l'eau du bain, et nos petits libéraux affamés de nouvelles doctrines devront:


Ou bien dire un sincère "Amen" à ce qui se dit et fait dans le culte du Dieu vivant, 
ou bien suivre leurs pères, Marcion et Valentin, dans les ténèbres glaciales du dehors de l'Eglise.


Bucer






Commentaires

Domus a dit…
"Qu'on reconnaisse aux ministres et aux professeurs de Théologie le droit à la liberté académique, et l'on verra les conséquences les plus désastreuses se manifester. [...] La liberté académique a fait naître la "Théologie progressante" qui tente de conformer la doctrine chrétienne aux critères de la raison humaine et de la science moderne et qui devint vite totalement anti-biblique. Le modernisme actuel, conséquence directe de la liberté académique, est une révolte ouverte contre la théologie sacrée de la Parole de Dieu et implique, en lui-même,le rejet du Christianisme biblique".
Ainsi s'exprimait le théologien luthérien confessionnel J.T. Mueller dans les années 1930 dans sa passionnante dogmatique intitulée pour sa traduction française réalisée dans les années 1950 "La Doctrine chrétienne". 1930,1950... sans doute une époque où l'on s'exprimait d'une façon qui n'est plus valable aujourd'hui pour ces "petits libéraux affamés de doctrines nouvelles" qui n'en sont donc pas à leur coup d'essai en dépit de l'avertissement lucide du professeur Mueller! L'exemple suisse que vous exposez illustre donc ce à quoi il faut s'attendre quand on veut jouer aux "grands" en s'autorisant la liberté académique en discipline théologique tels des enfants gâtés qui ne veulent plus apprendre leurs leçons sous le prétexte fallacieux qu'elles seraient dépassées. La Chute et la Rédemption à géométrie variable sont le fruit amer, et disons-le blasphématoire, que proposent ces modernistes le plus sérieusement du monde sans se rendre compte (ou en s'en rendant compte ?) qu'ils sont les complices de l'ennemi de nos âmes.
Il n'y a pas un seul des arguments de votre excellente réfutation que je ne partage pas.

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