Défense de l'Amillénarisme Réformé (5) MATTHIEU 24 - suite





Le Professeur ENGELSMA a indiqué, dans ses précédents articles, que la doctrine postmillénariste tente  de neutraliser les prophéties bibliques (sur la persécution et les peines endurées par l’Église) en les limitant à l'époque apostolique, afin de pouvoir continuer de rêver à un âge d'or et à une hypothétique prospérité matérielle...
Pour se donner raison, les postmillénaristes instrumentalisent une phrase de Jésus (Matthieu 24. 34): "cette génération ne passera point, que tout cela n'arrive".


PROBLÈME:

La difficulté apparente, avec ces paroles de Jésus, est qu'elles semblent annoncer la fin du monde du vivant de ses ouailles.
Or, Jésus n'est pas revenu (et la fin du monde n'a pas eu lieu) au Ier siècle de notre ère.


FAUSSES RÉPONSES: 

Plusieurs conclusions ont été données pour expliquer ce mystère:

  • Les "libéraux" y ont vu la preuve que Jésus était dans l'erreur et qu'il avait annoncé un règne imminent de Dieu, lequel n'était qu'un mirage. Cette thèse, qui repose sur l'incrédulité et la chair, est irrecevable.
  • D'autres interprétations ont été données, voulant que le mot "génération" ne se réfère pas à la population de cette époque, mais aux Juifs en général, aux croyants en particulier, ou même à l'humanité tout entière.
    L'intention de Jésus aurait été de dire que, lorsqu'il reviendra, il y aura encore des Juifs, ou bien des croyants, ou bien des hommes sur terre. Cette interprétation, que l'on retrouve par exemple chez st Jean Chrysostome, n'est pas retenue par le Prof. ENGELSMA, car elle donne un sens peu naturel au mot "génération".
  • les postmillénaristes, comme MARCELLUS KIK, ont pensé trouver un endroit favorable pour leur thèse:
    Jésus ne s'étant pas trompé (contre la thèse n°1) et le mot "génération" devant être entendu normalement (contre la thèse n° 2), Jésus n'aurait eu en vue, dans ce discours, que la destruction du temple, qui s'est bien produite en l'an 70. Cette interprétation a la faveur du mouvement "Reconstructionniste"... mais cette interprétation est aussi fausse que les deux premières, parce qu'elle ignore que Jésus a parlé ici pour répondre à ses disciples, qui l'interrogeaient non seulement sur la fin du temple mais aussi sur son retour (verset 3) et que dans ce discours même, il est fait mention de la fin (telos), au verset 14 après la prédication universelle de l’Évangile. Et l'on pourrait dire de mêmes choses pour ce qui concerne les versets 29 à 31.


SOLUTION:

Comment convient-il, alors, de comprendre ce qui est dit au verset 34:  "(...) cette génération ne passera point, que tout cela n'arrive." ?

L'expression ''cette génération'' doit être entendue au sens naturel; ce sont les hommes de ce temps, auxquels s'adresse Jésus. Si une génération fait environ 40 ans, ce que dit Jésus (dans les années 30), c'est que le temple sera détruit dans cette période. Cela devait arriver et cela est arrivé, comme nous le rapporte l'histoire, avec la destruction totale du temple, en l'an 70.

Mais il faut noter que dans le texte grec (genetai), tout cela devait arriver du temps de cette génération, et non pas être réalisé (fulfilled, Bible King James) -- comme si ces choses allaient être consommées en ces temps. 
Le propos de Jésus est seulement de nous dire que ces tribulations et cette libération de son peuple allaient arriver du vivant des gens de son temps. Et, typiquement, toutes ces choses se sont bien produites en l'an 70.
 Cette destruction ordonnée de Dieu fut un type de la pleine délivrance que l’Église connaîtra avec le retour du Seigneur:

  • L’Église du Nouveau Testament fut effectivement délivrée par la destruction de Jérusalem, délivrée de la persécution haineuse du judaïsme! 
  • Délivrée, aussi, des liens avec le culte judaïque désormais révolu: le service du temple, les lois civiles et cérémonielles, les formes terrestres des promesses divines, etc.
  • Le temple, détruit, les chrétiens Juifs et Gentils pouvaient s'épanouir dans leur foi et leur spiritualité néotestamentaires sans plus aucun lien, sans plus de retenue.
Tout est arrivé en 70, typiquement, et tout cela doit encore se réaliser pleinement, à l'avenir (ainsi que l'a compris l’Église ancienne). D'autant que si Jésus était interrogé sur ces deux évènements (fin du temple/fin du monde), comme nous le lisons (verset 3) et que ces évènements entretenaient un lien étroit et mystérieux, rien n'imposait un lien temporel pour que les deux choses adviennent simultanément.

    •  A suivre...
       
    •  
    • Bucerian

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