Défense de l'Amillénarisme Réformé (6) MATTHIEU 24, suite (bis)





Dans les précédents articles, le Professeur ENGELSMA a établi que les propos de Jésus en Matthieu 24. 34 étaient relatifs, tout à la fois, aux évènements de la destruction du temple en 70 et aux évènements de la fin du monde, qui doit arriver dans (notre) futur. 
Cela ressort de la double question qui lui avait été posée (Matthieu 24. 3) et à laquelle il répondait dans son discours.

Autrement dit, Jésus instruit ici son Église des choses qui doivent arriver à la fin du monde et dont les gens de cette époque (le premier siècle) seront néanmoins les témoins, parce que tout cela arrivera déjà, sous une figure, ou de façon typique, avec la destruction du temple. Tout cela est donc arrivé en 70, même si tout cela ne sera accompli, pleinement, qu'à une époque encore inconnue et à venir.

Et le Professeur ENGELSMA montre dans le présent article que cette interprétation est conforme à la manière dont il convient d'interpréter les prophéties bibliques (1) aussi bien qu'à la façon dont les interprètes Réformés ont traditionnellement compris ce texte (2).


1) Les prophéties dans la Bible


Voyez la prophétie de Balaam, en Nombres 24. 12, ss.
Qui niera que cette prophétie soit arrivée, comme figure historique, avec David, fils de Jesse?
Oui, cela est arrivé alors, mais de façon typique, et en figure.
Mais le véritable accomplissement de ces choses, leur accomplissement spirituel, n'est autre que la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ. 

De même, avec la promesse de possession du pays, faite à Abram, en Genèse 15. 18. Cela est indubitablement arrivé sous le règne de Salomon, fils de David, comme nous pouvons le lire dans le second livre des Chroniques (9. 26). Du moins, cela est arrivé comme une figure, ou un type.
Mais l'accomplissement plein et entier de cela est arrivé avec Notre Seigneur Jésus-Christ.

Le règne de Paix du psaume 72 dépeint le royaume spirituel du Christ, le Messie, annoncé par le royaume terrestre de Salomon.


2) Les commentateurs Réformés


L'interprétation de Matthieu 24.1-35 en terme de type/anti-type, ou figure/réalité, est aussi la lecture Réformée traditionnelle.
Ainsi, HERMAN RIDDERBOS a écrit sur ce passage, que:

Par "toutes ces choses" ... il faut entendre ... tout l'ensemble  de l'évènement des derniers temps, incluant la venue du Fils de l'Homme. A cet égard, il faut une fois encore prendre en considération le caractère combiné de la représentation du futur, qui est exposé ici... Le point de départ de tout ce discours est la destruction du temple. Et parce que ceci, conformément à la nature de la prophétie, est vu dans une seule et même perspective avec le grand et futur (Jour du) Seigneur, il pouvait être dit que la génération qui serait témoin de cette destruction ne passerait point  "avant que toutes ces choses soient n'arrivent". Ici, donc, le lointain futur est encore désigné comme un ensemble et d'une façon indifférenciée. A la lumière de l'accomplissement, il est évident que "toutes ces choses" n'arriveraient pas en une seule et même fois et, donc, seraient vues simplement en partie par la génération vivante à cette époque... L'exégèse de Matthieu 24 doit adopter un point de vue historique, c'est-à-dire qu'elle doit procéder de la prophétie à l'eschatologie.
(L’Évangile selon Matthieu, vol. 2, Kok, 1954, pp. 157, 158, in Korte Verlaring).

Bien avant, JEAN CALVIN expliquait déjà ces choses:

Ce n'était pas le but du Christ de promettre à ses disciples que leurs calamités prendraient fin sous peu de temps,  (...) Ainsi donc, tandis que notre Seigneur regroupe sous une seule génération toutes les sortes de calamités, il ne veut absolument pas dire que les générations futures  seront préservées de tels maux, mais seulement d'exhorter ses disciples à être prêts à endurer cela avec une entière fermeté.

(cf. Commentaire sur l'harmonie  des évangélistes, Matthieu, Marc, Luc, volume 3).

Ainsi, les interprétations de MARCELLUS KIK et des "Chrétiens Reconstructionistes" -- qui réduisent les propos de Jésus (en Matthieu 24) au seul évènement de 70 AD et de la destruction du temple -- sont un abandon de la compréhension traditionnelle Réformée, et bibliquement fondée, de ce passage.

A suivre

Bucerian

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