Annotations sur le Credo (1)



Remarques préliminaires


Tout comme elles ont toujours eu les Saintes Écritures -- bien que certains livres pouvaient être discutés par quelques-uns // les antilégomènes --, les Églises chrétiennes ont toujours eu des Symboles de Foi, véritables résumés de la doctrine évangélique, dont l'adhésion conditionnait la réception au saint baptême.

Lorsqu'elle fut confrontée à l'une des pires crises de son histoire (la crise arienne) l’Église chrétienne, alors reconnue par les autorités, formula définitivement un même Symbole (conciles de Nicée, 325 et de Constantinople, 381), répondant à un seul et même Canon des Écritures.

C'est de ce Symbole de Foi, seul Credo officiellement reçu par tous les courants de la Chrétienté (Confession d'Augsbourg, article 1), même en ses parties les plus dégénérées (conciliabule de Trente, 3eme Session, 4 février 1546, sur le Symbole de foi -- Denzinger § 1500) dont nous parlerons dans cette série d'articles.



En voici les termes:




Nous croyons en un seul Dieu,
le Père tout-puissant,
créateur du ciel et de la terre,
de toutes les choses visibles et invisibles.

Nous croyons en un seul Seigneur,
Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu,
né du Père avant tous les siècles,
Dieu venu de Dieu, lumière issue de la lumière, vrai Dieu issu du vrai Dieu,
engendré et non créé,
d'une même substance que le Père et par qui tout a été fait;
qui pour nous les hommes et pour notre salut,
est descendu des cieux et s'est incarné par le Saint- Esprit dans la vierge Marie et a été fait homme.
Il a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il a souffert et il a été mis au tombeau;
il est ressuscité des morts le troisième jour, conformément aux Écritures;
il est monté aux cieux où il siège à la droite du Père.
De là, il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts, et son règne n'aura pas de fin.

Nous croyons en l'Esprit Saint,
qui règne et qui donne la vie,
qui procède du Père,
qui a parlé par les Prophètes,
qui avec le Père et le Fils est adoré et glorifié;
nous croyons une seule Église, sainte, universelle et apostolique.
Nous confessons un seul baptême pour la rémission des péchés;
nous attendons la résurrection des morts et la vie du monde à venir.
Amen.






-- 1. Nous --



a) Il semble présomptueux pour beaucoup de "protestants" et "évangéliques", de nos jours, de présenter une telle déclaration de foi comme normative et salutaire.
Un certain nombre diront qu'en définitive, la seule chose de certaine et méritant d'être retenue, c'est l’Écriture, où Dieu parle à chacun. Ceux-là diront que leur confession de foi, c'est la Bible... et d'autres iront même plus loin: l'attitude des premiers ne ressemble-t-elle pas à une attitude idolâtre envers un livre? Donc, ils y chercheront ce qui y est vraiment Parole de Dieu, etc.
Dans un cas comme dans l'autre, le refus du confessionnalisme présente un danger similaire: celui de l'individu laissé seul avec son subjectivisme et les dérives qui peuvent en résulter.
Il y a là, surtout, une erreur fondamentale: le présupposé que Dieu parle pour nous museler, qu'Il affirme pour que nous ne comprenions rien, et n'ayons rien à dire en retour.
C'est pourtant le contraire que déclare l'Apôtre Paul, pour qui, non seulement: la foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la parole de Christ (épître aux Romains 10, 17), mais encore: c'est en croyant du cœur qu'on parvient à la justice, et c'est en confessant de la bouche qu'on parvient au salut (Romains 10, 10).
La Bible n'est donc pas un livre stérile, qui aurait vocation à asphyxier la pensée ou le cœur des hommes; c'est au contraire le moyen par lequel l'Esprit divin suscite une foi vivante, qui se confesse.
Et il est bien évident que cette foi et sa confession n'est pas le moyen qui a été utilisé pour la susciter. La Bible n'est donc pas la confession de foi de l’Église chrétienne, et son autorité particulière de norme suprême ne constitue pas une entrave à cette confession.


b) Il convient de noter que le Credo, ou Symbole de Foi, est bien l'expression d'un "nous". Certaines versions rendent un "je" et cela se justifie par le fait que le peuple de Dieu partage une même foi en chacun de ses membres. Mais la version que nous retenons ici met plus clairement en avant (contre tout individualisme) le fait que la Foi chrétienne est la foi d'un peuple.
Nous sommes un peu ici comme devant le "We, the people" de la Constitution des États-Unis.
C'est que, dans l’Église, la Foi n'est pas l'affaire d'un seul homme, Grand Pontife, dictant la croyance juste à son bon peuple. La Foi est au contraire celle d'un peuple Royal et Prophétique (1ere épître de Pierre, chapitre 2) composé d'égaux (épître aux Galates, chapitre 3): ensemble, et en chacun de ses membres, ce peuple doit garder la Foi et la défendre, fût-ce contre un ange céleste ou n'importe quel Apôtre (Galates, 1).
La Foi d'un peuple, partagée par chacun de ses membres: il faut noter, contre tout individualisme, que cette déclaration ne veut pas dire la foi que chacun s'invente loin de toute communion. Et la démonstration de cela, c'est que la Foi dure au-delà de toute mesure humaine (2000 ans) en dépit des changements de régimes, des schismes, des rivalités, etc. (cf. Livre des Actes des Apôtres, chapitre 5, versets 34-39).
C'est pourquoi aussi est absurde l'exigence de quelques-uns, à savoir qu'une autorité humaine supérieure à l’Église existe ici-bas et nous atteste, par son infaillible contreseing, l'authenticité de la Foi que nous confessons. En réalité, par Sa grâce irrésistible, Dieu nous persuade plus que ne pourra jamais le faire aucun homme par son autorité -- d'ailleurs dépendante de textes aux interprétations controversées...


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Bucer






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